Les poules
Quand dépitée, j’ai ramassé un bouquet de plumes… peut-être pour un chapeau d’indien ?
Tristesse ce matin, on est un peu tout chose, tout chose d’avoir perdu nos deux poules. Il rôdait depuis hier… Paul l’avait aperçu. La bête nous avait donc prévenus, elle préparait son attaque.
Epargnés depuis près d’un an, nous n’y avons pas échappé cette nuit.
Au petit matin, moi encore couchée, j’entends Paul jurer puis partir au galop, sans notre chien qui n’a rien ni d’un loup ni même d’un chien de chasse on dirait, malgré les apparences souvent (Saga adore lorsque cela ne sert absolument à rien, courir après oiseaux, ou lapins plus ou moins imaginaires…)
Donc voici Paul dans un galop à travers champ, galop assez désespéré vu de mon côté, mais quel courage toujours ! Impossible pour lui d’assister au larcin du renard sans rien faire ; non larcin n’est décidément pas le mot approprié… nous le vivons comme un crime ! Non ce n’est pas ça non plus je m’égare ; alors quoi ce serait juste une attaque naturelle obéissant aux lois de la nature. Que nos poulettes alimentent renard, renarde et renardeaux, devrait me consoler, un peu, et chasser la tristesse du départ de Cocotte et Poupoule. Il ne nous en restait plus que deux depuis quelques semaines, mais la disparition de Minute était restée un mystère, ayant tout simplement disparue sans laisser une seule trace de plume ?
Là c’est un coup un peu plus dur, plus aucune poule pour se consoler, nos deux poules croquées d’un coup, ou plutôt en deux temps, les bouquets de plumes on en trouve deux, dans deux directions différentes depuis le poulailler. L’un carrément très loin de l’enclos vers l’accueil du camping (aucunement la direction prise par le renard lorsque Paul lui a couru après). La bête a dû venir deux fois, a-t-elle tué les deux d’un coup puis serait revenu chercher la seconde ? Aurait-elle plutôt laisser une poule attendre son retour dans la panique et l’effroi ? C’est digne d’un mauvais film d’horreur. Laquelle en premier ? Me voilà c’est ridicule, imaginer les scénarii, voir mes poules en souffrance, culpabiliser de ne pas avoir su les préserver de cette fin pourtant semble-t-il, inéluctable. Je m’étais dit « le renard ne vient pas grâce à Saga qui dort dehors et vadrouille la nuit sur le camping entre deux sommes », peut-être ; sauf que depuis l’ouverture il n’en va plus ainsi puisque notre bête à nous reste à l’attache pendant la nuit, et cette nuit elle n’a même pas dormi dehors… nous aurait-elle prévenu de la présence du visiteur ?
Bref, j’écris pour faire mon petit deuil. On s’attache est-ce bête ? Et puis mince, c’était tellement cool d’avoir de bons oeufs tous les jours !
Alors on va en profiter pour bien nettoyer le poulailler, remonter le grillage sérieusement, couvrir même peut-être le dessus ? Et puis racheter deux poules.
Et puis se faire une raison. Le renard reviendra. C’était la première fois (on n’est encore pas habitués), ce ne sera pas la dernière il faut être lucide. Cela nous fera toujours un peu de peine.
La bête connait l’adresse désormais, elle reviendra.
Alors quoi, nous faut-il appeler nos prochaines poules « Pizza » et « Croque-monsieur » ?